SINDBADBOY Editions
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Hercule Zelnick entre toujours sans frapper.
 


Extraits Cinquième étage
 


Alors que, sur l’écran de télé, chez la jeune femme, King-Kong détaillait Fay Wray comme un délicieux mille-feuille un peu bavard posé au creux de sa main, un mec à quatre pattes, tout ce qu’il y a de réel celui-là, fourrageait avec son nez en poussant des grognements de verrat hystérique…

 

De prime abord, ç’aurait pu paraître une drôle d’idée vu que le type avait salement raté la saison des truffes, mais, opportuniste, il activait sa tronche congestionnée dans l’intimité de ma voisine qui n’était visiblement pas davantage au courant des périodes de cueillette des champignons.

 

Allongée sur le sol, la charmante ne mouftait pas contre cette intrusion quelque peu cavalière, hormis un ululement que je ne lui connaissais pas et qui paraissait n’avoir rien de réprobateur. De toute manière, le gars s’en foutait : avec les cuisses de Sophie sur les oreilles, il ne pouvait rien entendre… Et puis il était bien trop occupé à affûter son outil. Du gros matériel.

 

Sans plier les genoux, le mec astiquait le machin qui sortait de la braguette de son bleu de travail en le faisant aller et venir sur le parquet ancien. C’était monstrueux. Il devait y avoir pas loin de quarante centimètres de barbaque dans ce truc. Pas un sexe : une grue de chantier. Un engin à la limite de l’infirmité.

Pour répondre à la moindre petite sollicitation, une seringue de cette dimension devait pomper dans les quatre à cinq litres d’hémoglobine au bas mot. En complète érection, le type se retrouverait aussi sec avec les joues creuses et une mine d’endive.

Bah ouais, faut comprendre : avec ses vingt centimètres de circonférence, y pouvait pas rouler à l’économie, le gars. « Bon Dieu ! » j’ai pensé, « s’il enfile ça à Sophie, c’est l’éventration à coup sûr. » Au mieux, il faudrait des mois pour que sa boutique reprenne figure humaine. Peut-être même de la rééducation ou une intervention chirurgicale. Et encore. Le toubib serait sacrément secoué en lui retrouvant tous les organes entassés au niveau des seins. Ses manuels ne lui seraient d’aucun secours devant un tel désastre...

   

 *

 

"Bien avant d’arriver à la maison, Lulu a posé sa main sur ma cuisse. Alors j’avais beau être le sauveur de la planète et savoir qui elle était depuis les yeux, les lèvres et le reste, j’ai fait ni une, ni deux : je lui ai fourré la main dans ma braguette.

Ogresse ou pas, la raison d’État c’est la raison d’État.  Et quel que soit l’état. Surtout si c’est le mien. « Et d’abord c’est moi qui paye ! » j’ai pensé, royal, en fixant la route comme un halluciné.

 

Elle a commencé à me branler gentiment, juste pour marquer le coup et puis elle m’a demandé :

 

     Tu préfères que j’attende qu’on soit chez toi ou tu penses pouvoir allonger un petit supplément ?

     Je sais pas, j’ai dit. Je peux te garder combien de temps ?

     Ça dépend de tes ressources…

     Alors allons-y pour le petit supplément, j’ai couiné avec une voix de souris de dessin animé pendant que ses doigts se resserraient autour de ma bite. Et comme un type sur le trottoir me dévisageait au passage de la bagnole, j’ai hoqueté : ça te gêne pas qu’il y ait autant de monde dans la rue ? Ils pourraient nous voir ?…

     Tu rigoles ? Y a que là qu’on s’amuse un peu dans notre métier. C’est en imaginant la gueule des touristes qui veulent pas débourser l’oseille et qui matent un veinard se faire pomper ou astiquer devant leur tronche de rat. C’est tout bénef pour la clientèle à venir. Ils discutent moins les tarifs…

     Oui, mais moi…

     Toi, mon chou ? Dans dix secondes t’es dans ma bouche et dans moins d’une minute tu seras persuadé d’avoir rencontré Dieu. Alors te bile pas pour les voyeurs et prépare un kleenex… Ah ! Pendant que j’y pense, essaye de pas trop promener tes grosses pattes dans ma mise en plis. Je la trouve déjà un peu limite… Pour me sortir une permanente comme celle-là, fallait vraiment que le merlan que je suis passée voir soit de la jaquette.

 

Et après avoir collé son chewing-gum sur la boucle de son sac à main, elle a plongé sa tête entre mes cuisses.

 

C’était doux et chaud comme quand j’étais gosse et qu’on allait pêcher des coquillages dans la vase d’une plage de Damgan. Avec les autres mômes, on s’enfonçait jusqu’à mi-mollets dans la bouillasse, et on avait toujours la trouille de se voir aspirer tout entier vers le fond. Alors la peur nous faisait délicieusement frissonner, même en plein soleil. Et toujours cette angoisse de nous imaginer disparaissant dans cette merde jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une main à s’agiter frénétiquement au-dessus du limon. Mais même si on bougeait les pieds en se dandinant sur place pour voir jusqu’où on pouvait s’engloutir, on savait aussi que pour la main ça pouvait pas arriver.

 

« C’était bien être gosse… » j’ai pensé en déchargeant comme un malade dans la bouche de Lulu.

 

     Salé, elle a dit avant d’ouvrir la fenêtre côté passager et de cracher mon foutre sur les pavés. Un peu iodé même…

     C’est que, quand j’étais petit, j’allais à la pêche au bord de la mer à Damgan, je lui ai expliqué.

 

Mais ça a pas eu l’air de l’enthousiasmer et, tout en ré-enfournant son chewing-gum, elle m’a même reluqué comme si je venais d’une autre planète… « Faudrait voir à pas mélanger les genres » j’ai failli lui dire. Et puis j’ai renoncé… Elle avait sûrement jamais eu les pieds dans la vase morbihannaise.

 

 

 

 

 

 
 



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